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GUIDE  DU CHASSEUR  DÉBUTANT

GUIDE DU CHASSEUR DÉBUTANT

Gord Ellis
8 avril 2025

L’apparition du dindon sauvage au Québec est relativement récente et cet oiseau représente un nouveau gibier pour plusieurs chasseurs de la province. Ce n’est que dans les années 1980 que les efforts de réintroduction de ce grand oiseau au Canada ont commencé à porter leurs fruits et, au début des années 2000, des opérations de relocalisation ont été effectuées avec succès au Québec, en Outaouais, au Centre-du-Québec et en Mauricie. Aujourd’hui, les populations sont jugées bien établies, et même en croissance, partout dans le centre-sud de la province et de nouveaux chasseurs se joignent à la confrérie des adeptes chaque année. C’est donc principalement (mais non exclusivement) à ces nouveaux venus que les conseils de cet article s’adressent.

De l’avis de tous les adeptes, la chasse de ce gros oiseau représente une poursuite cynégétique parmi les plus exaltantes. Le son de glougloutement d’un grand mâle en réponse à l’appel du chasseur imitant une dinde est de nature à provoquer une intense montée du taux d’adrénaline, et l’apparition de l’oiseau majestueux avec le corps pompeusement gonflé et la queue largement déployée en éventail a de quoi donner le buck fever même aux chasseurs chevronnés.

Cependant, la chasse de cet oiseau à la fois majestueux et extrêmement méfiantlaissepeudeplaceàl’erreur pourl’adepte,cequinefaitqu’amplifier la satisfaction de la réussite. J’ai moi même été assez souvent humilié par ces oiseaux pour savoir qu’il ne faut négliger aucun détail pour espérer le succès. En même temps, cela supporte toute l’importance des quelques conseils suivants pour permettre aux chasseurs débutants de mettre les meilleures chances de leur côté dans cette nouvelle entreprise.

Apprendre différentes façons de faire l’appel

Comme je le mentionnais dans un article précédent*, la capacité de reproduire l’appel imitant une dinde en mal d’amour est un ingrédient clé pour attirer un dindon mâle lors d’une chasse printanière. L’appel ne nécessite quand même pas d’être absolument parfait, car j’ai souvent entendu des sons d’appels réels provenant d’oiseaux dans mon champ de vision que j’aurais facilement pris pour de mauvais essais émis par des chasseurs novices si je n’avais pas été directement témoin de leur provenance réelle. Pour de meilleures chances de succès, il faut cependant respecter les règles de base des techniques d’appels, ce qu’il est possible d’apprendre à partir d’une chaîne internet comme YouTube.

À mon avis, les deux types d’appeaux les plus importants qu’il faut apprendre à maîtriser sont l’appeau boîte à couvercle mobile et l’appeau buccal à diaphragme. Comme expliqué dans l’article précédemment mentionné, l’avantage de l’appeau boîte réside dans sa facilité d’utilisation et dans sa grande sonorité pourl’efficacitéd’appelàlonguedistance. De son côté, l’appeau buccal offre le double avantage de laisser les deux mains de l’utilisateur libres et d’éviter les mouvements suspicieux lorsqu’un oiseau est en vue.

Un autre type d’appeau plus rarement mentionné est le modèle compact d’appeau boîte muni d’une petite tige poussoir permettant de l’actionner du bout du doigt d’une seule main. Certains chasseurs astucieux utilisent même du ruban gommé pour retenir l’appeau directement sous le fût du fusil, de façon à pouvoir l’actionner tout en maintenant l’arme en position de tir. D’autres appeaux, comme le modèle à ardoise et bâtonnet de friction, produisent des sons réalistes, mais nécessitent des mouvements de mains qui peuvent être perçus par un dindon en approche et ruiner les chances du chasseur.

Les appelants

L’utilisation d’un appelant imitant une dinde est courante pour la chasse printanière du dindon. À la suite d’un appel convaincant, lorsqu’un mâle apparaît et voit une reproduction réaliste d’une femelle, cela constitue pour luiuneforteconfirmationduscénario sonore. J’ai récolté un certain nombre de dindons sans utiliser d’appelant, mais je suis convaincu que cet ajout améliore grandement les chances de succès.

Je suis également convaincu que l’addition d’un appelant de jeune mâle immature (jake) ajoute un atout d’importance dans le jeu du chasseur. Le jake est un jeune mâle précoce capable d’accoupler une dinde et il peut se montrer très entreprenant auprès du sexe opposé, ce qu’un gros Tom ne peut tolérer comme comportement dans ce qu’il considère comme son harem. L’utilisation d’un duo d’appelants dinde et jake représente donc une « médecine »supérieure pour leurrer un gros mâle, et même le pousser à délaisser momentanément « son » groupe de dindes pour venir régler le cas d’un jake factice en train de courtiser en apparence une femelle tout aussi factice.

Au cours de la dernière décennie, l’industrie de l’équipement de chasse au dindon a nettement amélioré le réalisme dans sa production d’appelants. Personnellement, j’utilise les leurres de la compagnie Avian X, mais il existe sur le marché actuel toute une variété d’appelants de haute qualité disponibles.

L’avantage d’une cache-tente

Traditionnellement, le chasseur de dindon s’installait en position assise au sol, habituellement adossé contre un gros arbre, tout en portant un habillage encamouflagecomplet.Cettetechnique demeureefficace,etils’agitdelaseule approche possible à adopter lors d’une chasse mobile de prospection. Le désavantage réside alors dans la nécessité absolue de demeurer totalement immobilepouréviterd’éveillerlaméfiance d’un dindon à l’œil perçant.

Évidemment,ilestextrêmementdifficile de demeurer assis par terre et immobile pendant des heures, et il faut considérer le fait que, même si le dindon n’a pas la capacité olfactive d’un chevreuil, sa capacité visuelle est incroyable. La plupart des dangers potentiels pour les dindons proviennent de prédateurs terrestres, ce qui explique que la méfiancedecesoiseauxestconstamment en alerte.

DE L’AVIS DE TOUS LES ADEPTES, LA CHASSE DE CE GROS OISEAU REPRÉSENTE UNE POURSUITE CYNÉGÉTIQUE PARMI LES PLUS EXALTANTES.

À l’intérieur d’une tente-cache de type pop-up, les petits mouvements et sons insolites se trouvent en grande partie camouflésetassourdis.Ildemeure potentiellement possible d’être détecté par l’œil alerte d’un dindon, spécialement s’il détecte la tache pâle du visage du chasseur à travers l’ouverture de tir, mais la possibilité en est quand même réduite grâce à ce type d’abri ; ce qui n’exclut pas la nécessité de porter un couvre-visageàmotifcamouflage.Un autre avantage de la tente-cache réside dans le fait qu’elle protège le chasseur du vent et de la pluie éventuelle, tout en permettant de s’asseoir sur un siège pliant plus confortable. La majorité de la dernière demi-douzaine de dindons que j’ai récoltés l’ont été à partir d’une cache-tente, et je demeure persuadé que dans tous ces cas, la chasse n’aurait pas pu se terminer aussi bien sans ce type d’abri.

Cet abri de chasse peut être facilement installé à différents endroits que les dindons sont susceptibles de fréquenter, notamment près de clairières ou en bordures de champs. Certains chasseurs se disent même persuadés que les dindons ne sont nullement alertés par l’apparition d’un tel abri en plein milieu d’un champ et ils n’hésitent pas à s’y installer lorsque des dindons sont souvent observés hors de portée à partir de la bordure forestière.

Je ne peux confirmercetteopinion,maisjepeux dire que ces oiseaux ne semblent nullement dérangés à la suite de l’installation d’une cache-tente en bordure forestière d’un champ. Quoiqu’il en soit, je crois personnellement que le simple ajout de quelques branchages et feuillages estutilepourbriserleprofild’unetelle cache et lui donner une apparence plus naturelle.

Patience, patience

J’aime à penser que ma patience a toujours été assez bonne, mais je dois avouer que la chasse au dindon en a testé ses limites. Le fait de devoir demeurer immobile, presque sans pouvoir bouger, pendant des heures représente pour moi le test ultime du jeu de patience. Mes premières chasses se sont avérées particulièrement ardues et j’y ai appris que je devrais rehausser ma patience à un autre niveau. J’ai trop souvent tenu pour acquis que l’absence de réponse de glougloutement de mâles signifiaitqu’iln’yavaitaucundindonneaux alentours, et j’ai connu ma part de chances manquées pour avoir abandonné trop tôt un poste d’embuscade en provoquant la fuite de certains de ces oiseaux.

À la suite de ces déconvenues, j’ai réalisé que mon impatience me coûtait cher et que je devais me conformer àunestratégieplusefficace.J’aialors commencé par revoir mon confort personnel, en éliminant les situations d’attentes assises sur une simple souche ou un sol détrempé, puis j’ai révisé l’état de mon équipement en me procurant une veste spéciale de chasse au dindon comportant de nombreuses poches et autres compartiments pratiques pour y loger appeaux, munitions et autres accessoires essentiels.

Un élément non négligeable de ce type de veste est la présence d’un coussin intégré au bas du dos qui s’avère très appréciable dans les cas où il faut prendre rapidement un poste d’affût nonplanifié,soitaprèsavoirrepéré des dindons à distance ou à la suite de la réception de réponses intéressantes consécutives à des appels. Dans le cas d’une chasse à l’intérieur d’une cache-tente, l’utilisation d’une chaise pliante s’avère encore plus confortable et augmente de façon incommensurable la capacité d’être patient pendant des heures.

La chasse au dindon m’a aussi appris à renforcer ma détermination mentale. Chaque fois que j’avais envie de me lever et de me déplacer, j’ai pris la résolution personnelle de prolonger le temps d’attente de 15 minutes supplémentaires. Dans ces moments de découragement momentané, une autre de mes résolutions personnelles consistait à me « récompenser » avec une friandise ou une petite collation. Ces petits trucs m’ont aidé à prolonger mes périodes d’embuscade, et sans surprise, ces prolongements ontfiniparmepermettredeconnaître de meilleurs succès, et ceux-ci ont eu comme effet d’augmenter encore plus ma patience.

Bien entendu, la nécessité d’être patient dépend aussi du type de chasse pratiqué. Dans le cas d’une démarche de recherche de gibier de type running and gunning**surunesuperficieassez grande de terrain, les périodes d’attente peuvent ne pas dépasser une ou deux heures. La chasse à partir d’une cache tente peut permettre quelques légers mouvements intérieurs, mais repose en grande partie sur l’observation à travers quelques ouvertures pendant plusieurs heures, ce qui peut devenir assommant si rien ne se passe. Pour tromper l’ennui, certains consultent leur téléphone intelligent (avec le son coupé, il va sans dire), mais cette habitude peut aussi coûter des opportunités perdues si utilisée avec trop de concentration.

Quand l’ennui tend à me gagner, j’aime me rappeler en détail des évènements heureux, comme ceux de la récolte d’un autre dindon, ou encore d’un chevreuil ou autre gibier. Certains chasseurs tiennent le compte des oiseaux, écureuils et autres animaux aperçus, mais dans un cas ou l’autre, il faut faire tout ce qu’on peut pour garder notre concentration et éviter de se décourager et de quitter le poste d’affût. Du côté confort corporel, il faut aussi veiller à porter des vêtements adéquats pour ne pas avoir à lutter contre le refroidissement ou l’humidité, et il en est de même pour les chaussures.

Bien connaître son arme

Ceci devrait aller de soi sans avoir à le répéter, mais la connaissance exacte et lavérificationpréalabledelaprécision et de la performance du fusil et des munitions utilisés représentent la toute première clé du succès. Que vous soyez le meilleur « câleur » ou le chasseur le plus patient du comté ne vous sera guère utile si votre tir n’atteint pas exactement la cible visée. Et il faut réaliser que la cible est minuscule, car il ne s’agit vraiment pas de tirer un dindon au corps, mais plutôt dans la région précise de la tête et du cou. Il existe des ciblesspécifiquesdecettenaturepour permettrelavérificationdelaprécision etdel’efficacitédesmunitionsutilisées avant la chasse et il s’agit d’une étape préalable que tout chasseur de dindon devrait se faire un devoir de respecter.

Bien que les fusils de jauge 10, 16 ou 20 puissent aussi être légalement utilisés pour chasser le dindon, le fusil de jauge 12 chambré à 3 ou 3 1/2 po est le plus recommandable à mon avis. L’idéal est que le canon de l’arme puisse accepter un tube d’étranglement interchangeable de type Turkey Super Full Choke à resserrement plus marqué qu’un Full Chokestandard,afindeconcentrerun maximum de billes (principalement de la grenaille de plomb) au centre du patron à une distance d’environ 40 verges.

Pourunabattagemorteletefficace,le chasseur doit cibler précisément le milieu du cou juste au bas de la tête de l’oiseau. Pour une meilleure précision, certains adeptes installent sur la bande ventilée de leur fusil un ensemble de mires amovibles, comprenant une ADMISSION $10.00 hausseajustableetunguidonàfibre optique, ou même un viseur optique à point rouge.

Les charges de catégorie magnum contenant 1 1/2 à plus de 2 oz de grenaille de plomb de grosseur 4, 5 ou 6 sont les plus utilisées pour cette chasse, mais depuis l’avènement et le gain de popularité de la grenaille de tungstène, la grosseur de billes 7 est également acceptée. Chaque chasseur d’expérience a généralement établi ses préférences, mais les charges magnum de grenaille de plomb plaquée de cuivre no 5 en cartouches de jauge 12 de 3 po constituent un bon compromis, considérant le prix beaucoup plus élevé des cartouches à grenaille de tungstène.

En conclusion, la récolte d’un dindon sauvage mature représente une réalisation parmi les plus excitantes et exaltantes de la chasse. J’espère donc que les quelques conseils cités ci-dessus pourront vous permettre d’améliorer vos chances de connaître un tel dénouement au cours de la présente saison printanière. •

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