LA SAISON DE CHASSE À LA PERDRIX EST ENCORE EN COURS
Jeannot Ruel
Après la fin de la saison de chasse au chevreuil à l’arme à feu, il est curieux de constater que la plupart des disciples de saint Hubert semblent considérer qu’il est temps de ranger leurs armes .Pourtant, même à l’aube de la dernière semaine de novembre, il reste encore près de sept semaines à la saison courante de chasse à la gélinotte huppée, puisque celle-ci ne se termine qu’à la mi-janvier. De plus, considérant la tendance actuelle au réchauffement général du climat, tout le mois de décembre devient à mon avis une période très favorable à cette chasse, avec absence ou presque de neige au sol, en plus de l’absence presque complète d’autres chasseurs sur le terrain.
Du point de vue du chasseur, ce qui est bien avec les gélinottes huppées, c’est qu’elles ne peuvent pas accumuler de réserve de gras pour leur servir de support énergétique pendant les périodes creuses, et qu’elles doivent donc continuer à se nourrir quotidiennement pour renouveler régulièrement cette énergie. Ceci ne signifie pas automatiquement que les perdrix seront actives continuellement, mais qu’elles doivent obligatoirement avoir des périodes d’activité quotidiennes. Le tout est de savoir quand et où, et c’est là que l’expérience du chasseur est la meilleure conseillère.
Au cours des années, j’ai écrit bon nombre de textes divers sur la chasse à la gélinotte huppée et sur les armes et munitions les plus indiquées pour ce type de chasse. Dans les lignes qui suivent, j’ai donc pensé rassembler l’essentiel de ces éléments informatifs qui m’apparaissent former un ensemble cohérent s’appliquant particulièrement bien à la période de chasse en question.
Connaissances d’éléments nourriciers
Le fait que certains endroits spécifiques semblent toujours attirer les perdrix à des périodes spécifiques constitue une bonne constatation de base, mais il serait encore plus profitable de chercher à savoir pourquoi les oiseaux fréquentent ces endroits si assidûment. Presque chaque fois, la raison en est liée à la disponibilité de nourriture ,et la connaissance des principaux éléments nourriciers potentiels constitue le meilleur moyen de tirer profit des habitudes alimentaires de la perdrix.
À cet égard, l'examen immédiat du contenu du jabot des gélinottes récoltées présente de précieux indices. Le jabot est ce genre de «sac d'épicerie» que la gélinotte porte juste sous la peau au bas de son cou. Il suffit de fendre la peau et d'ouvrir la membrane du sac avec un couteau pour avoir un regard direct dans le «magasin» alimentaire de l'oiseau, puisqu'il contient la nourriture fraîchement ingurgitée et non encore digérée. La présence d'une forme dominante de nourriture peut permettre au chasseur de diriger ses recherches vers des secteurs précis de forêt.
En début de saison (fin septembre ,début octobre), la nourriture contenue dans le jabot est habituellement très diversifiée et disparate, témoignant de la grande diversité de nourriture disponible. On peut aussi bien y retrouver des feuilles vertes de toutes sortes mélangées à quelques fruits sauvages(ronces, gadelliers sauvages) et certains bourgeons. L'examen du jabot est alors souvent plus un sujet de curiosité que de révélations précises.
Un peu plus tard, alors que le feuillage tourne aux couleurs chaudes et que la végétation basse s'assèche, la diversité s'amenuise et la gélinotte commence à se concentrer sur des formes plus précises de nourriture saisonnière .L'attirance de la gélinotte pour les fruits sauvages se précise à différents moments de la saison. Les cenelles (fruits de l'aubépine) sont habituellement ciblées assez hâtivement, viennent ensuite les fruits du sorbier (cormier) qui poussent par talles parfois abondantes dans les bordures et vieux bûchés. De son côté, les fruits de pimbina (viorne)sont généralement préférés après avoir été attendris par quelques bonnes gelées, donc plus tard à l’automne, ce qu’il est bon de savoir à ce moment-ci.
Vers la fin d’octobre, si vous trouvez dans le jabot une multitude de petites «amandes» triangulaires, votre gélinotte s'est nourrie de faînes de hêtre, ces faînes qui mûrissent à cette période se retrouvant en grand nombre au sol sous les bosquets de ces grands arbres poussant dans les collines. À partir du mois de novembre, ce sont surtout des bourgeons d'arbres comme le bouleau jaune (merisier) et le peuplier faux-tremble que vous retrouverez dans le jabot de vos gélinottes. Si les bourgeons sont tous semblables mais d'une essence que vous ne connaissez pas, il peut valoir la peine d'en conserver quelques-uns dans votre poche et de les comparer à ceux des bosquets d'essences d'arbres de votre terrain de chasse pour arriver à une identification précise. La vraie utilité de l'examen du contenu du jabot se révèle quand on en arrive à connaître les endroits précis où poussent les essences favorisées comme nourriture.
LES GÉLINOTTES HUPPÉES NE PEUVENT PASACCUMULER DE RÉSERVE DE GRAS. ELLES DOIVENTDONC CONTINUER À SE NOURRIR QUOTIDIENNEMENT.
Prescriptions pour perdrix farouches
En début de saison, bon nombre de gélinottes quelque peu sottes récoltées par les chasseurs sont des jeunes du printemps, mais au mois de décembre ,celles qui ont survécu à la pression de chasse en ont vu d’autres et sont en général des oiseaux expérimentés beaucoup plus méfiants des humains portant un dossard flamboyant. À moins de se trouver dans des territoires fréquentés seulement par de très rares chasseurs, le résultat a souvent pour effet de rendre ces oiseaux plus enclins à prendre la poudre d’escampette hors de portée normale, et il faut habituellement être en mesure de les cueillir à plus longues distances.
Ayant souvent eu moi-même à faire face à ce genre de situation, il y a quelques années j’avais mené des tests assez exhaustifs avec objectif de trouver des combinaisons de fusils et munitions pouvant permettre des tirs vraiment efficaces à plus longues distances. Partant du principe que les chasseurs de dindons sauvages disposent aujourd’hui de moyens permettant de concentrer une gerbe très dense de grenaille sur la petite zone vitale de la tête et du cou d’un dindon à 40 verges (120-125 pieds),et même un peu plus, et ce avec des grosseurs de grenaille semblables(surtout nos 5 ou 6), j’ai ainsi conclu qu’il est possible de placer un nombre suffisant de billes d’une gerbe semblable dans les zones vitales du corps d’une gélinotte aux mêmes distances…
Dans le cas des munitions, un chasseur de perdrix farouches pourrait possiblement utiliser les mêmes genres de cartouches que ceux utilisés par les chasseurs de dindons, en autant que son fusil soit bien adapté à l’utilisation de ce type de munitions. Un autre type de munitions qui m’apparait bien indiqué pour les besoins en question est celui conçu pour le tir à bonne distance du faisan sauvage (un oiseau très robuste).Dans certains cas, ces deux types de munitions utilisent même des bourres spéciales conçues pour garder la charge de grenaille concentrée le plus longtemps possible sur sa trajectoire ,de façon à prodiguer le «patron» le plus dense à l’impact à longue distance.
Dans le cas des munitions, un chasseur de perdrix farouches pourrait possiblement utiliser les mêmes genres de cartouches que ceux utilisés par les chasseurs de dindons, en autant que son fusil soit bien adapté à l’utilisation de ce type de munitions. Un autre type de munitions qui m’apparait bien indiqué pour les besoins en question est celui conçu pour le tir à bonne distance du faisan sauvage (un oiseau très robuste).Dans certains cas, ces deux types de munitions utilisent même des bourres spéciales conçues pour garder la charge de grenaille concentrée le plus longtemps possible sur sa trajectoire ,de façon à prodiguer le «patron» le plus dense à l’impact à longue distance.
Du côté des fusils, l’idéal est de disposer d’un modèle de jauge 12 avec bouche de canon filetée pour accepter des tubes d’étranglement interchangeables ,surtout un tube de type Turkey SuperFull qui contribue à concentrer le plus possible une gerbe de grenaille à longues distances. À la suite de mes tests, mon choix personnel s’est porté sur les cartouches Rem. Nitro Pheasant en calibre 12 de 2 3/4 po avec charge de1 1/4 oz de billes de plomb no 6 dans le canon de mon superposé avec étranglement Modifié, et sur les Rem. NitroPheasant de calibre 12 de 3 po avec1 3/8 oz de billes de plomb no 6 plaquées cuivre dans le canon avec étranglement Super Full.
Cependant, une munition donnée avec un étranglement donné prodiguera la densité de gerbe souhaitable à une distance donnée (à plus ou moins5 verges), d’où la nécessité de mener ses propres tests de «patronage» sur cibles pour connaître cette distance maximale. À cet effet, les intéressés pourraient numériser la cible de la photoC, l’agrandir au plein format d’une feuille8 1/2 x 11 po et en imprimer un certain nombre pour mener leurs propres tests de «patronage». À titre de comparaison ,la portée maximale d’une combinaison fusil/munition serait la distance à laquelle celle-ci peut grouper trois ou quatre impacts dans la zone vitale,
Toutefois, avec une telle combinaison sur un fusil à canon unique, un tir de trop près pourrait truffer un oiseau de plombs, ce qui n’est évidemment pas souhaitable. Comme même les gélinottes farouches ne se retrouvent pas toujours aux mêmes distances, c’est la raison pour laquelle un fusil à canons superposés est à privilégier ca permet d’utiliser deux étranglements différents, par exemple un Modifié pour les tirs à distances moyennes et un Extra Full ou Super Full pour les distances extrêmes. Un fusil à canons jumelés permettra aussi d’utiliser un type spécifique de cartouche dans le canon à étranglement plus ouvert et un autre type mieux adapté aux longues distances de tir dans le canon à étranglement plus serré. À la rigueur ,si on ne dispose que d’un fusil à canon unique ou si un oiseau ciblé se trouve trop près, pour éviter de le transformer en passoire il faudra s’assurer de viser plus précisément la tête, ce que permet un bon système de mires.
Autres considérations
De plus, un fusil dont la bande ventilée comporte un petit guidon central, en plus du guidon terminal, permet effectuer une visée plus précise par une superposition visuelle des deux guidons, car il s’agit vraiment ici de visée et non de simple pointage. Par un simple test de «patronage» il est surprenant de constater combien de fois le patron de la gerbe se trouve décentré lors du tir avec un fusil dénué de mires. Si on constate ce genre de «décentrage» du point central d’impact, il faudra peut être déporter quelque peu l’alignement de visée d’un côté ou de l’autre pour obtenir une concordance parfaite.
Cette simple vérification et la correction de visée qui en découle peuvent faire une énorme différence lors de tirs à longue distance où la petite cible que représente une gélinotte doit nécessairement être atteinte par le plein centre du noyau de la gerbe. On entend souvent des chasseurs déplorer avoir «manqué» une perdrix de façon incompréhensible, même à distance moyenne, alors qu’en réalité l’oiseau a simplement été «encadré» dans une trouée de l’éparse et inconstante marge périphérique de la gerbe à cause d’une visée imprécise…
Quoiqu’il en soit, il faudra y mettre du sien et faire l’effort de mener des tests réels de tir sur des cibles comme celle que je vous propose. Il faudra aussi tenir compte du fait qu’au tir au fusil il n’y a pas deux patrons exactement similaires d’un coup à l’autre, même avec les mêmes ingrédients, et c’est la raison pour laquelle l’idéal serait de considérer la moyenne de points d’impacts dans la zone vitale basée sur au moins trois coups pour déterminer la distance d’efficacité maximale.
Pourquoi ne pas ajouter des mires?...
Les opportunités d’utilisation du fusil se sont beaucoup diversifiées ces dernières années, cette arme pouvant maintenant servir à maintes occasions pour du tir posé et plus précis sur des cibles immobiles. La chasse au dindon sauvage au cours de laquelle il faut viser très précisément la tête et la portion supérieure du cou de l’oiseau en est l’exemple parfait, et les tirs sur des gélinottes à longues distances avec les combinaisons spéciales mentionnées plus haut sont des cas semblables.
La chasse au chevreuil ou à l’ours avec munitions à balles rayées nécessitent également des tirs de précision avec un fusil. Dans ces situations, les fusils utilisés sont généralement munis de mires ajustables, et il en est de même pour les fusils spéciaux pour la chasse au dindon. L’adepte occasionnel de chasse tardive de gélinottes farouches peut aussi obtenir les mêmes avantages en se procurant simplement un ensemble indépendant de mires ajustables facile à installer sur la bande ventilée d’un fusil standard ,et qui en plus demeurera amovible au besoin pour mieux convenir aux tirs à la volée sur la sauvagine, par exemple.
Ce sont principalement les compagnies Hi-Viz* et Truglo** qui offrent ces ingénieux systèmes de mires amovibles pour fusil qui permettent cette polyvalence. La hausse de mire arrière et le guidon sont installés sur la bande ventilée du fusil grâce à un système d’enserrement assuré par des vis, et dans les deux cas, la hausse de mire arrière est complètement ajustable en dérive aussi bien qu’en élévation. À un prix variant aux environs de 40 à 50$ US pour un ensemble, le tout pourrait revenir à quelque 75 ou 80$ CA (selon le taux de change en vigueur et incluant les frais d’expédition), mais il s’agit d’un investissement pratique qui pourra s’avérer utile pendant plusieurs années.
Finalement, comme les distances maximales de tir au fusil sur les gélinottes farouches de fin de saison s’avèrent si importantes sur l’efficacité, j’ai aussi pris la résolution de toujours avoir dans ma poche mon petit télémètre compact au laser pour confirmer ces distances.•