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MON PREMIER  CHEVREUIL

MON PREMIER CHEVREUIL

16 septembre 2024

Alexina Lachance

L’auteure raconte comment les émotions de la chasse et de la récolte de son premier chevreuil l’ont marquée, alors qu’elle était enceinte de 26 semaines.

Nous sommes le vendredi 12 novembre 2021. Je suis au chalet familial de mon conjoint situé à Notre-Dame-de Montauban, dans la région de la Mauricie. Le vent secoue les arbres et emporte les feuilles sur le sol. Il fait froid et gris, une température digne d’un jour de novembre. Comme tous les matins et après-midi, je sors sur la galerie pour revêtir mon accoutrement de chasse afin d’amener avec moi le moins d’odeurs possible. Je suis enceinte de 26 semaines et mettre mes bottes de chasse est un «sport» pour moi.

Un premier matin frigorifique

J’ai comme accompagnateur mon conjoint, Samuel, qui ne semble pas aussi confiant que moi à cause de la température. Samuel chasse déjà
depuis six ans et a quatre chevreuils à son actif. C’est grâce à lui que j’ai appris à chasser et à en faire une passion. Nous décidons quand même de nous rendre à la cache malgré le temps à l’extérieur. Moins pressés qu’à l’habitude, nous arrivons à la clarté. Nous devons monter dans la montagne avant d’arriver à notre place. Pas besoin de vous dire

qu’il ne m’en faut pas beaucoup pour être essoufflée…!

Je me dirige vers la cache en essayant de faire le moins de bruit possible pendant que mon conjoint se rend aux pommes et aux carottes mettre de l’odeur de jeune buck et effectuer des lignes d’odeurs. On va mettre toutes les chances de notre côté! Une fois assise, je ferme les yeux et j’essaie d’entendre les moindres mouvements dans cette forêt qui bouge sans cesse avec le vent .Il est 8 h lorsque j’aperçois un petit faon traverser le sentier de la forêt droit devant, sans jamais s’arrêter pour venir manger à l’endroit où les appâts sont placés. Ça me donne un peu d’espoir de voir autre chose que quelques courses d’écureuils ou d’entendre les feuilles tomber.

Finalement, 9 h arrive, nous sommes totalement congelés, il doit faire -5 ºC .Nous décidons de partir pour aller rejoindre les parents de Samuel au chalet afin de prendre un bon café chaud et un bon déjeuner. En route pour le chalet, nous tombons face à face avec une grosse femelle qui marchait dans le sentier. Elle était à très courte distance de nous et restait immobile même si nous faisions du bruit. Malheureusement, nous n’avions aucun permis de cerf sans bois cette année. C’était une drôle de journée jusqu’à présent…

On remet ça…

l nous restait une chance: la chasse de l’après-midi! Avec la même température que le matin, nous arrivons à la cache à 2 h 30 et nous avons l’impression que le vent et la pluie vont nous emporter avec eux. Je décide de sortir mon téléphone pour jouer à des jeux; ça passe le temps!

JE PLEURE, JE RIS, JE FRISSONNE… JE VIENS DE TUER MA PREMIÈRE BÊTE!

Lorsque je lève la tête pour regarder ,je vois au même moment mon buck arriver aux pommes, l’air détendu. Il est 3 h 10 et j’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine; j’ai soudainement chaud par ce temps glacial!

Je prends mon arbalète en toute discrétion et le temps autour de moi s’arrête complétement. Une fois le cerf dans ma mire, j’ai le corps en entier qui tremble. Incertaine, je dépose mon arme sur une surface stable afin de permettre à mon corps de moins trembler. Je prends une grande respiration et je recommence la procédure. Je regarde la bête dans mon télescope, je pars de la patte et je monte jusqu’au milieu de sa poitrine, je retiens mon souffle et je tire…

Tout s’est passé tellement vite; je pleure ,je ris, je frissonne… Je viens de tuer ma première bête! Le buck est mort sous nos yeux, à 60 pieds des pommes. Je m’apprête à me lever lorsque Samuel me dit tout bas qu’il en arrive d’autres aux pommes. Je me lève la tête et ’aperçois une femelle et ses trois faons. Ils mangent leurs appâts comme si de rien était, alors que mon gibier est étendue par terre quelques pieds plus loin.

Au moment où le trio décide enfin de partir, je me lève avec fébrilité et je me dirige vers mon cerf. C’est avec un sentiment d’accomplissement, ainsi que de travail et de patience récompensés, que je récolte ma viande pour cette année. Étant enceinte, cette expérience reste encore plus magique et unique à mes yeux.

Naissance d’une passion

Débutante en tant que chasseuse, j’ai commencé il y a trois ans à accompagner ma belle-mère Kathlyne, pour la première année, afin de voir comment ça se passait. La deuxième année, j’y suis allée seule, je n’ai pas eu de succès ;il me manquait encore de l’expérience! Et pour cette année, Samuel m’a guidée dans cette belle aventure. J’ai appris à maîtriser mon arme en m’exerçant sur des cibles, en allant porter la nourriture aux caches trois semaines à l’avance, et appris à être discrète et à prendre toutes les précautions pour éviter de répandre l’odeur humaine. On va se le dire, la chasse au chevreuil, c’est difficile!Il faut se fondre dans la nature et passer des heures à attendre l’arrivée du gibier tout en restant immobile en silence, ce qui représente tout un défi pour une fille énergique comme moi!

Par contre, il n’y a rien de plus relaxant et ressourçant, lorsque arrive la saison de la chasse, de prendre le temps d’admirer la nature, de remettre les pendules à l’heure et de faire le plein d’énergie puis de passer plus tard de beaux moments en famille autour d’un délicieux repas en se racontant nos anecdotes de chasse. Cette activité est maintenant devenue une passion pour moi et j’ai bien hâte de raconter à mon enfant qu’il était présent avec moi lorsque j’ai récolté ma toute première bête. Je n’ai aucun doute que cette passion lui sera également transmise. 



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