Pour plusieurs pêcheurs, la végétation est très souvent synonyme de problèmes et frustrations. L’auteur présente quelques façons d’aborder ces secteurs productifs.
Depuis plusieurs années, à pêcher et explorer différents plans d’eau de la province, peu importe où je m’aventure, une des premières choses que je recherche bien souvent au moment d’attraper du poisson est la végétation aquatique. Bon, je suis d’accord que pêcher aux endroits remplis d’herbes et de plantes est souvent complexe et frustrant. Même les pêcheurs les plus expérimentés ont très souvent une relation amour/haine pour la végétation aquatique. Les roseaux, les nénuphars et tous les autres types de végétaux dans votre lac, ou votre rivière préférée, jouent un rôle vraiment important pour conserver la santé de l’eau, l’habitat des poissons et leurs sources de nourriture. Bref, la végétation aquatique est un élément de la pêche avec lequel il faut composer et qu’il faut à la limite découvrir et maîtriser pour maximiser nos chances de déjouer quelques espèces différentes au cours de notre saison.
La première fois que j’ai attrapé un poisson dans les herbiers, j’avais 7 ou 8 ans et je me souviens que j’étais vraiment impressionné d’avoir réussi à prendre un de mes premiers achigans à grande bouche. J’avais lancé mon spinnerbait blanc à l’intérieur de la grosse « salade » flottante sur l’eau, et par chance, j’avais réussi à ramener mon poisson sans qu’il se décroche. Depuis cette expérience, pêcher dans la végétation me fascine encore plus chaque année. Avec le temps, j’ai appris plein de choses intéressantes sur les plantes aquatiques, le comportement de certains poissons dans cet habitat, les différents végétaux à reconnaître, les bons leurres et les bonnes techniques à utiliser.
Le rôle des plantes aquatiques
Au Québec, nous sommes vraiment chanceux. Nous avons des dizaines de variétés de plantes aquatiques dans nos plans d’eau. La plupart d’entre elles produisent d’excellents habitats et cachettes pour une grande variété de poissons. Il faut également savoir que les différents types d’herbiers dans nos lacs et rivières ne font pas office de décoration, ils sont vitaux. Sans l’ensemble de nos végétaux aquatiques, il y aurait un grand déséquilibre dans la globalité de l’écosystème. Les plantes immergées et submergées jouent le rôle de filtreur aquatique afin de purifier et améliorer la clarté de l’eau. Elles produisent également de l’oxygène, de l’ombre et un abri de qualité pour tous les poissons.
Par contre, il ne faut pas s’imaginer que chaque endroit avec une étendue verdâtre sera automatiquement une mine d’or à brochets ou achigans. Avec le temps, j’ai constaté que la recette idéale pour obtenir un secteur de pêche productif avec végétation est aussi accompagnée d’un mélange de différents environnements et structures visibles dans l’eau. Ce mélange dont je parle est constitué souvent de branches d’arbre, de roches, de souches enracinées dans le sol ; même un simple changement de profondeur est souvent très intéressant. Tous ces éléments rendent notre zone de pêche encore plus garnie et invitante pour tous les poissons prédateurs et leurs proies.
Pour maîtriser l’art de la pêche sportive à l’intérieur de la végétation aquatique, il est primordial d’avoir une base de connaissances sur les différentes plantes qui peuvent se retrouver dans votre secteur de pêche. Il y a des plantes beaucoup plus intéressantes à repérer afin de maximiser nos chances de prendre certaines espèces. Par exemple, quand je vise l’achigan à grande bouche, je recherche très souvent les plantes populaires et appréciées par ce poisson, tels les nénuphars, les roseaux et les joncs. La majorité des pêcheurs ont probablement déjà vu ce trio de plantes parce qu’elles sont faciles à remarquer à la surface de l’eau et en plus d’être belles, elles sont très colorées.
Le myriophylle à épis est une plante aquatique envahissante dans plusieurs cours d’eau du Québec, mais très aimée par notre poisson vert. Cette plante plutôt méconnue est totalement submergée. Il est souvent difficile de l’apercevoir et de la dénicher si l’eau n’est pas très claire. Lorsqu’on découvre cette végétation, c’est généralement un très bon signe de la présence d’achigans à grande bouche dans le secteur. Pour la pêche au brochet et maskinongé, deux plantes que j’essaie toujours de repérer en semi- surface pour maximiser mes chances de tomber sur un poisson à grosses dents sont le rubanier flottant et le potamot. Pour mieux apercevoir certaines plantes spécifiques dans notre secteur de pêche, je conseille de porter des lunettes polarisées pour augmenter votre capacité de voir dans l’eau et aussi pour protéger vos yeux lorsque vous lancez des leurres.
Les poissons de végétation
Les prédateurs les plus populaires tels que l’achigan, le brochet, le doré et le maskinongé se nourrissent très souvent de poissons de plus petite taille comme le crapet-soleil, la perchaude et la marigane. Il ne faut surtout pas oublier que la végétation aquatique intéresse aussi une variété impressionnante de petits menés, de grenouilles, d’insectes et de salamandres. Les amphibiens et les bestioles qui fréquentent les baies et les marais font tous partie de l’alimentation courante de la famille des poissons prédateurs. Si vous êtes chanceux, il est possible de tomber nez à nez avec un lépisosté osseux ou un poisson- castor dans ce type d’environnement. Comme plusieurs autres poissons, ces deux espèces fascinantes et préhistoriques habitent les zones herbeuses et chaudes.
Parfois, pour capturer certaines espèces de poissons, il n’est pas toujours nécessaire de retrouver de la végétation. La pêche à l’achigan à petite bouche et au doré en est un bon exemple. Il est possible de pêcher ces deux espèces dans des écarts de profondeurs très différentes en fonction des saisons de l’année. Majoritairement, les deux espèces seront habituellement retrouvées sur un fond couvert de sable et de roche. Par chance, si vous avez un sonar, je conseille de repérer les herbes longues qui se retrouvent souvent dans le fond des plans d’eau. C’est toujours un grand avantage pour un pêcheur de cibler des plantes aquatiques aux endroits où elles ne sont habituellement pas communes.
Pêcher dans la végétation me fascine encore plus chaque année. Avec le temps, j’ai appris plein de choses sur les plantes aquatiques et le comportement de certains poissons dans cet habitat.
Parlons de leurres !
Déjouer un poisson à l’intérieur d’un couvert de végétation vaste et condensée peut être très compliqué si nous n’utilisons pas la bonne approche et le bon équipement. Tout d’abord, il faut comprendre qu’il y a une bonne partie de nos leurres fétiches dans notre coffre qui ne seront pas aussi efficaces que d’autres. La grande famille des poissons nageurs et cuillères tournantes munis d’hameçons triples bien exposés est très complexe à utiliser dans les environnements encombrés. Ces leurres pénètrent très difficilement à travers les plantes aquatiques et les trépieds sont constamment remplis de feuilles et verdures gluantes.
Par chance, il existe une astuce incroyable pour utiliser certains leurres à travers tous les types de couverts sans ramener un brin d’algues ou plantes. Cette astuce se nomme le montage anti-herbe et fonctionne à l’aide d’un hameçon de type Texan et d’un leurre souple de notre choix. Il y a quelques étapes importantes à suivre pour enfiler correctement l’hameçon à l’intérieur du leurre. Quand l’hameçon est installé et positionné adéquatement, notre leurre de plastique souple devient 100% à l’épreuve de la végétation aquatique. La raison principale de l’efficacité du montage anti-herbe est que la pointe effilée de l’hameçon est discrètement insérée à l’intérieur du plastique souple.
Il y a plusieurs choix possibles lorsqu’il est temps de choisir un leurre afin de faire le montage Texan. Le swimbait, le Senko, la grenouille et l’écrevisse sont mes choix préférés quand vient le moment de sélectionner un leurre souple à lancer dans la végétation. L’avantage d’utiliser ce genre de leurre à travers les plantes aquatiques réside dans le fait que nous pouvons vraiment jouer avec la vitesse et les mouvements pour lui donner un aspect plus réaliste et naturel aux yeux des poissons.
Les leurres de surface eux aussi sont essentiels pour réussir à pêcher de larges étendues de végétation. Je pense à la grenouille ou à la souris flottante qui sont très populaires et reproduisent de beaux mouvements dans l’eau. Une autre catégorie de leurres à découvrir pour la pêche à l’intérieur de la végétation est celle des offrandes produisant des vibrations et éclats lumineux. Le spinnerbait, le chatterbait et le buzzbait sont tous de super leurres pour prospecter et couvrir beaucoup d’eau rapidement. Les bruits et les petits éclats de lumière émis par ces appâts métalliques sont très populaires pour attraper les poissons plus agressifs.
Un détail qui vous permettra d’augmenter vos chances à la pêche est l’agencement des couleurs dans l’environnement pêché. Quand l’eau de mon secteur est claire, j’aime bien prendre le temps de rechercher des couleurs de leurres se rapprochant des teintes naturelles, telles que le vert foncé, le blanc, la teinte orange écrevisse et le brun. Cependant, quand la teinte de l’eau est plus foncée ou embrouillée, j’ai tendance à choisir des couleurs différentes, comme la teinte chartreuse, le rose bubblegum et la combinaison de bleu et de noir.
Un autre détail dont il est vraiment pertinent de tenir compte s’avère la direction du vent. J’ai toujours remarqué qu’un poisson qui cherche à se nourrir aura tendance à chasser aux endroits où le vent aura plus d’impact sur la végétation. La force des vagues et du vent transporte souvent de la nourriture sur les bordures riveraines et le fond des baies. Ces sites présentent toujours des conditions intéressantes pour la pêche.
Canne et moulinet
Pour être en mesure de déjouer et ramener les poissons de cette dense végétation, il est nécessaire d’avoir à notre disposition la canne adéquate pour ce style de pêche. Il est tout à fait possible d’utiliser une canne de type lancer léger ou lancer lourd, dépendamment du leurre ou de la technique utilisée. J’ai tendance à pêcher plus souvent avec la canne à lancer lourd pour quelques raisons spécifiques. Le moulinet lancer lourd offre plus de puissance, son frein est très fort, et au moment du lancer, il est beaucoup plus précis que l’ensemble à lancer léger.
Le plus important est le choix de l’action et la puissance de notre canne à pêche. Je conseille une canne plus rigide avec l’extrémité souple qui permettra un meilleur ferrage et plus de contrôle sur le poisson lors du combat. La rigidité d’une canne permet également d’utiliser plus facilement des leurres plus lourds et de supporter le poids de la végétation qui s’accumule parfois sur le fil lorsque nous ramenons un poisson, surtout lorsqu’on cible l’achigan à grande bouche. Le fil tressé sera votre meilleur ami pour ce genre de pêche. Il est très solide, facile à lancer et son diamètre est super fin. Il y a plusieurs résistances disponibles sur le marché, mais pour la pêche multiespèce à travers les plantes aquatiques, en général j’aime bien utiliser un fil tressé de 20 à 40 lb de résistance.
Conclusion
Pour plusieurs pêcheurs et pêcheuses multiespèces, la végétation est très souvent synonyme de problèmes et frustrations sur l’eau. Je dois admettre que pêcher à travers un tapis de « gazon » et devoir retirer constamment des résidus gluants de nos hameçons n’est pas toujours ce qui est le plus amusant, mais croyez-moi, ça vaut vraiment la peine ! Je vous promets que dorénavant, chaque fois que vous allez passer près d’une étendue de végétation colorée dans l’eau, vous allez avoir le goût d’y lancer un leurre !