Circulaire Pronature - 14 au 27 octobre 2024
Quel fil? Quel nœud?

Quel fil? Quel nœud?

Réal Larose
2 février 2021

Conseils de pro pour choisir le bon fil selon votre type de pêche.

On dit souvent que le fil à pêche est le seul lien entre le pêcheur et le poisson. Oui, mais c’est plus que ça ! C’est le fil qui nous permet de donner au leurre, à l’aide de la canne, le mouvement particulier qui fait réagir le prédateur. Et c’est vrai pour un jig que l’on ramène en grattant le fond, tout autant que pour un leurre que l’on manipule en surface. 

En plus, ce fil nous fournit de l’information. Il nous renseigne sur la composition du fond et nous permet de sentir la touche si importante qui est au centre de l’activité de pêche. Sans ce fil, aucun poisson ne serait passé à l’épuisette. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut le choisir avec soin. 

Et même alors, un fil n’est jamais plus résistant que le nœud qu’on utilise pour y fixer un hameçon ou un leurre. Ce lien, le dernier maillon qui nous relie à notre prise, doit être approprié et construit avec minutie. 

Les choix 

Il y a quelques années, parce qu’il y avait moins de choix, l’achat d’une bobine de fil était plus simple. On se rendait chez le marchand d’articles de pêche le plus rapproché et on choisissait un monofilament parmi les trois ou quatre marques alors sur le marché. En faisant la même démarche aujourd’hui, vous vous retrouvez face à un mur complet de bobines de fil de marques, de couleurs et de matériaux différents. Comment s’y retrouver ?...

Il est toujours possible d’être conservateur et d’aller vers une approche traditionnelle en utilisant un fil depuis longtemps éprouvé comme le monofilament. Certains pêcheurs le font en remplissant leur bobine de moulinet pour le lancer léger avec du mono de8 lb de résistance et leur bobine de lancer lourd avec le même genre de fil en résistance de 14 lb. Ensuite, ils vont à la pêche, attrapent de beaux poissons et ne se posent plus de questions. Mais savent-ils ce qu’ils mettent de côté ?L’utilisation du fil idéal, celui qui convient à l’endroit où l’on pêche et à la technique que l’on utilise, augmente considérablement l’efficacité. Ce fil permet une présentation plus réaliste, une meilleure sensation des touches et plus de contrôle durant le combat. Pour faire un choix éclairé et profiter de tous les avantages que peut offrir chaque type de fil, il faut en connaître les caractéristiques et la majorité de celles ci sont déterminées par le matériau. 

Comprendre le monofilament 

Même s’il y en a plusieurs qui diront que le monofilament est un vieux produit et que son emploi est maintenant dépassé, ce n’est que vers les années 1960 que ce type de fil a fait son apparition sur le marché. Avant cette date, on se servait surtout de fils tressés faits à partir de fibres naturelles comme le coton et la soie. Malheureusement, ces dernier savaient tendance à se dégrader rapidement. L’apparition sur le marché du monofilament, un fil synthétique de nylon obtenu par le procédé d’extrusion, est survenue en même temps que la montée en popularité des moulinets pour le lancer léger et les deux ont révolutionné le monde de la pêche.  

Le monofilament est encore populaire aujourd’hui, car son prix est abordable et sa manipulation est facile. Même lors de leur première excursion, les débutants peuvent s’en servir sans trop de complications. C’est un fil assez fin qui offre un bon rapport résistance/diamètre. En plus, il est disponible dans une variété de coloris qui diminuent sa visibilité, il flotte et il peut être relié à un hameçon ou un leurre à l’aide d’une grande variété de nœuds. 

Le monofilament est un fil qui possède de nombreuses caractéristiques avantageuses, mais il a aussi certaines faiblesses. Il possède ce que l’on appelle de la mémoire, c’est-à-dire une tendance à reprendre la forme qu’il avait lorsqu’il était enroulé sur la bobine. Il en résulte souvent des boucles et du vrillage, ce qui complique son utilisation. En plus, le mono est élastique, ce qui est un avantage dans certaines situations, mais cette élasticité diminue grandement sa sensibilité. 

Comprendre le fil tressé 

Même si l’usage du fil tressé était répandu avant l’arrivée du monofilament, ce n’est que dans les années 90, lorsqu’on a commencé à le confectionner à partir de nouvelles fibres synthétiques comme le Spectra et le Dyneema, que sa popularité a rebondi. La tresse est le fil qui transmet le plus de sensations, car ce fil ne s’étire pas. Son rapport résistance/diamètre est encore meilleur que celui du mono et, pour la même résistance, la tresse est souvent d’un diamètre deux fois plus petit. 

La tresse est très durable aussi. Contrairement au monofilament qu’il faut souvent changer plusieurs fois durant une saison, le fil tressé offre un bon rendement durant plusieurs années. Il résiste bien aux contacts avec l’herbe et les broussailles, un peu moins bien cependant lorsqu’il est question de friction sur des roches ou des moules zébrées. 

L’envers de la médaille, c’est que la tresse est plus chère. En plus, à cause de ses fibres très fines, il faut utiliser des nœuds particuliers comme le nœud Palomar pour la relier à l’hameçon ou au leurre. C’est également un fil qui est opaque et donc plus visible que les autres. 

Photo pêche Photo pêche

Comprendre le fluorocarbone 

Le fluorocarbone présente certaines des caractéristiques des deux premiers fils et certaines qui lui sont particulières. Au premier regard, on pourrait confondre le fluorocarbone avec le monofilament.Il est fait d’un seul brin, et la plupart du temps, il est légèrement transparent et possède un fini lisse comme le mono. Son coefficient de réfraction (comment il réfléchit la lumière dans un liquide) est semblable à celui de l’eau, ce qui le rend presque invisible à la verticale dans l’eau. 

Son rapport résistance/diamètre est semblable au mono, mais il est moins souple que ce dernier et possède encore plus de « mémoire ». Il est beaucoup plus dense que le monofilament, et au contraire de celui-ci, il tend à s’enfoncer dans l’eau. Il s’étire moins que ce dernier, et surtout il ne s’étire pas de la même façon, car il est plus « dur ». Cette densité supérieure et cette « dureté » le rendent plus sensible que le mono et plus résistant à l’abrasion que la tresse.

Photo pêche 

En harmonie avec votre équipement 

Puisque le fil est une des composantes importantes de votre équipement, il faut que son choix soit en harmonie avec le reste. Les moulinets pour le lancer léger et les moulinets pour le lancer lourd ne laissent pas filer le fil de la même façon. Lors d’un lancer, les premiers relâchent de grosses boucles sans aucune restriction, à part celle des anneaux de la canne. Pour les deuxièmes, le fil sort sous tension, en luttant contre l’inertie d’une bobine dont il entraîne la rotation. 

Tous les fils peuvent être utilisés avec ces deux types de moulinet, mais des fils plus souples, comme la tresse ou même un monofilament de faible diamètre, conviennent beaucoup mieux à un moulinet pour le lancer léger. 

Il faut aussi que la canne convienne au type de fil utilisé. Il est préférable de se fier aux recommandations du fabricant quand il est question de résistance du fil, car il connaît plus que quiconque les caractéristiques du produit qu’il a fabriqué. Si vous préférez vous servir de mono de faible résistance, par exemple 8 lb, il est préférable de choisir une canne plus rigide et d’action plus rapide qui vous permettra un bon ferrage malgré l’élasticité de ce type de fil. Le contraire est vrai pour la tresse. Vous pouvez alors vous tourner vers une canne à action plus lente et plus souple qui pourra, dans les moments difficiles, amortir les coups de tête d’une grosse prise et vous permettre de l’amener à l’épuisette. 

En harmonie avec la technique 

Votre choix de fil devra aussi tenir compte du type de leurre que vous utilisez le plus souvent. Si vous pêchez généralement à l’aide de leurres de surface, le monofilament (qui flotte) est un excellent choix. Son élasticité vous empêche de réagir trop rapidement et de bouger le leurre avant que le poisson ne l’ait en bouche. Cette même élasticité aide aussi de nombreux pêcheurs à conserver une tension continuelle sur le poisson durant le combat et contribue à éviter les décrochages. La tresse peut aussi être utilisée, mais il faut adapter sa technique de récupération, de ferrage et de combat en tenant compte de la faible élasticité de ce fil.

Puisqu’il cale, le fil de fluorocarbone ne convient pas pour la récupération des leurres de surface et il nuit aux mouvements de va-et-vient qui sont souvent utilisés pour ramener ce type de leurre. Par contre, le fluoro est excellent pour les leurres qui plongent, comme les poissons nageurs, et les leurres récupérés sur le fond, comme les jigs. 

Si vous êtes de ceux qui n’ont pas peur de lancer un leurre dans les herbes denses, la tresse devrait faire partie de votre arsenal. En effet, ce fil n’a pas son pareil pour permettre à un leurre de se frayer un chemin dans la végétation en coupant les herbes sur son passage. La tresse peut aussi servir à autre chose de complètement différent : en eau claire et pour une même résistance de fil, son faible diamètre vous permet de lancer des leurres légers à une très grande distance pour déjouer des poissons méfiants. 

Questions de résistance, diamètre et couleur 

En Amérique, les pêcheurs ont toujours choisi leur fil en tenant compte de la résistance. Donnée en livres sur l’emballage, celle-ci indique la tension maximale que peut supporter ce fil avant de briser. Mais cette indication ne tient pas compte de la flexibilité de la canne et de la sécurité offerte par le système de freinage du moulinet. Cela veut dire qu’à l’aide d’un fil de 10 lb de résistance, il est possible de ramener au bateau ou sur la berge un poisson beaucoup plus gros que 10 livres.

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Il est plus important que la résistance du fil corresponde au leurre que vous utilisez et au site de pêche que vous fréquentez. Pour récupérer de gros leurres dans des endroits encombrés, il est préférable d’utiliser du fil plus résistant. En eau libre, vous pouvez très bien vous tirer d’affaire à l’aide d’un fil moins résistant, même si le poisson visé est de bonne taille. 

On ne peut pas parler de résistance sans inclure le diamètre. En général, plus le fil est gros plus il est résistant. Il y a cependant des exceptions, car en utilisant des méthodes ou des produits particuliers certains fabricants ont réussi à diminuer légèrement le diamètre de leur fil. Cela vous permet plus de distance dans les lancers et plus de discrétion, et en plus la minceur vous permet de manipuler de petits leurres avec toute la dextérité nécessaire pour berner les poissons. Et c’est la tresse qui est la championne du diamètre; comme on l’a dit, elle est souvent deux ou trois fois plus mince qu’un fil de monofilament ou de fluorocarbone de même résistance. 

On peut rendre un fil moins visible en le choisissant d’une couleur qui lui permet de se confondre avec son environnement, et c’est particulièrement vrai pour la tresse. C’est pour cette raison que les fils verts et les fils bruns sont très populaires. Pour l’eau libre, le choix de plusieurs se tourne plutôt vers des tons de bleu et de gris. 

Le choix de la couleur n’a jamais vraiment été un gros problème pour ceux qui se servent de monofilament. Ça l’est encore moins pour les utilisateurs de fluorocarbone, puisque ce fil est très difficile à voir lorsqu’il est submergé. Le problème, c’est plutôt la tresse, et pour le contrer certains se sont mis à colorer la dernière partie du fil par sections à l’aide d’un marqueur noir ouvert pour obtenir un effet camouflage. Il est difficile de bien connaître l’efficacité d’une telle technique et je demeure sceptique. Une solution beaucoup plus pratique et efficace consiste tout simplement à utiliser un bas de ligne de fil moins visible comme le fluorocarbone. 

Bas de ligne 

Pour certaines techniques comme la pêche dans les herbiers, ou certaines situations comme de l’eau très trouble, la plupart des pêcheurs ne se servent pas d’un bas de ligne, nouant plutôt le leurre directement au fil tressé. Par contre, lorsque l’eau est plutôt claire ou lorsqu’on pêche dans les roches, l’ajout d’un bout terminal de fluorocarbone ou de monofilament peut faire toute la différence. Le but est double : éloigner la tresse du leurre pour éviter d’effrayer le poisson et augmenter la confiance du pêcheur par le fait même. En plus, cela permet d’économiser des sous, car la tresse n’est pas endommagée par les roches et la plupart du temps, lors d’un bris, seul l’avançon doit être changé. 

Pour conclure, trois types de fils, trois matériaux différents, chacun avec ses qualités ! Et de nombreux pêcheurs ont compris qu’en mariant les types de fil, ils tirent avantage de chacun de leurs bons côtés. C’est pour cette raison que les montages avec bas de ligne, qui combinent deux types de fil, sont populaires au Québec. C’est la solution la plus pratique!

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