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LE DERNIER SPRINT  SUR GLACE

LE DERNIER SPRINT SUR GLACE

28 janvier 2025

David Vadnais

Chaque année, au cours du mois de mars, la plupart des pêcheurs commencent à préparer leur saison de pêche en eau libre. Pour ma part, c’est la période que j’attends avec fébrilité depuis plusieurs mois, mais pour des raisons différentes. Les jours de clarté s’allongent, le soleil réchauffe davantage et les résultats à la pêche blanche deviennent très intéressants. Pour rien au monde, je ne voudrais manquer ce moment tant attendu…le dernier sprint sur glace!

Les poissons plus actifs

L’approche du printemps s’avère un moment important pour la faune aquatique. Il s’agit de la fin d’une phase où les poissons ressortent d’une longue période semi léthargique. Pour de nombreuses espèces, ce moment de renaissance est synonyme de l’approche de la reproduction. Dès lors, ces espèces commenceront leurs déplacements vers les sites de fraie avant même la fermeture de la saison de pêche hivernale.

Dans le cas du doré, espèce prisée par les pêcheurs sur glace, la migration des mâles peut débuter tôt au printemps. En fait, les mâles sont les premiers à se déplacer en vue de la fraie qui commence généralement au mois d’avril, après la débâcle printanière, au moment où la température de l’eau atteint 6 à 11 °C (42 à 52 °F). Voilà pourquoi, dans les dernières semaines de mars, il ne faut pas hésiter à pêcher les percidés dans moins de 6 pi (2 m) de profondeur, particulièrement le long des rives rocailleuses et près des embouchures dès tributaires. Les grands plateaux peu profonds parsemés d’herbiers encore présents peuvent également attirer les dorés à ce moment de l’année.

De plus, plusieurs autres espèces comme la perchaude, l’achigan, le brochet et la marigane deviennent très actives durant le mois de mars, notamment en eau peu profonde, c’est-à-dire dans moins de 10 pi (3 m). Vous aimez pêcher le brochet ? C’est la période idéale pour capturer de gros spécimens et peut-être dépasser votre objectif personnel.

Se déplacer de façon sécuritaire

Tout d’abord, il faut s’assurer que l’accès au plan d’eau est sécuritaire, à l’arrivée et lors de la sortie. En fin de saison, il est extrêmement important de bien évaluer l’état de la glace, particulièrement le long de la berge. La couleur de celle-ci détermine son niveau de solidité. Une glace encore bleue et transparente sera amplement résistante pour se déplacer en toute sécurité. Et une glace blanche et d’une épaisseur considérée comme sécuritaire sera suffisamment solide pour supporter votre poids.

Cependant, une couleur grise (foncée) indique que la glace contient de l’eau la suite du dégel, qu’elle est en mode de détérioration et qu’elle doit être considérée comme dangereuse. Donc, il ne faut absolument pas s’y aventurer. Je vous recommande de toujours avoir en votre possession des pics à glace pour vous hisser hors de l’eau en cas de chute et une tranche à glace pour vérifier sa solidité lors de vos déplacements. Vérifier en frappant du pied n’est pas une technique recommandée.

Donc, tout en marchant, vous devez frapper fermement et régulièrement la surface avec votre tranche de glace. Si l’outil transperce la couche glacée, il faut s’arrêter immédiatement et revenir sur vos pas. Rien ne justifie le risque de s’aventurer sur la glace et de mettre sa vie en danger. De plus, il importe de se déplacer en tout temps à la clarté du jour lors de la période de fonte printanière. Les conditions de la couverture glaciaire durant des journées chaudes et pluvieuses peuvent se détériorer à un rythme incroyable.

Les lieux dangereux à éviter

Lorsque la fonte printanière est enclenchée, il faut bien observer les endroits ayant pu être affaiblis à la suite des températures chaudes et de périodes de pluie intense. En premier lieu, la glace le long des rives est à surveiller lorsque vous embarquez sur celle-ci. Après la fonte totale de la neige sur les berges, le soleil réchauffe rapidement la terre et les roches sur la rive, ce qui fait accélérer hâtivement le dégel de la glace le long des bords. Ensuite, il faut toujours observer attentivement la possibilité de fissures élargies et les trous à l’eau claire ou à peine gelés .Le diamètre de ces orifices peut s’être beaucoup élargi sous la surface glacée durant les jours précédents. Ce phénomène provient du ruissellement et de l’érosion notamment à la suite de pluies fortes.

Il faut également demeurer extrêmement vigilant si vous prévoyez pêcher près d’une embouchure d’affluent, car la glace s’y trouve bien souvent plus mince à cause du courant. Une décharge de lac entraîne un tirant d’eau vers le ruisseau ou la rivière. Dans le cas contraire, la charge d’un cours d’eau transporte dans le lac un afflux d’eau chaude causé par la fonte de la neige. Le mouvement de l’eau dans ces secteurs accélère inévitablement la fonte de la couche glacée.

Enfin, un petit conseil: lorsque la température est très chaude sous les rayons du soleil, il faut se montrer vigilant pour ne pas oublier de petits objets sur la glace. Par exemple, une cuillère à glace, un leurre, votre pince de pêche, etc. Dans ces conditions de chaleur, les petits objets s’enfoncent rapidement dans la glace et disparaissent malheureusement de la vue des pêcheurs.

Pêche blanche en avril

Dans la plupart des zones de pêche au sud de la province, la saison de pêche pour plusieurs espèces se termine le31 mars. À ce moment de l’année, la majorité des pêcheurs ont entreposé leur tarière, leurs brimbales et leur abri. Pourtant, il y a quelques zones, notamment au nord du fleuve, où la pêche demeure ouverte au-delà du 31 mars (1).Vous pouvez pêcher principalement la marigane noire, la perchaude, le corégone, l’éperlan, l’achigan, le brochet ,le doré et la mouchetée selon les espèces autorisées par zone.

En regardant la carte générale des zones de pêche seulement pour les régions au sud du 50e parallèle, il est possible de pêcher dans des zones de l’Abitibi, la Côte-Nord, l’Outaouais et la région administrative du Nord-du Québec. Généralement, ces régions du nord offrent encore d’excellentes conditions de pêche sur glace au début du mois d’avril. Il y a aussi quelques pourvoiries qui offrent la possibilité de pêcher durant le mois d’avril et même durant les 12 mois de l’année. Pour obtenir davantage d’informations concernant ces pourvoiries offrant cette possibilité, je vous invite à communiquer avec elles via le site des pourvoiries du Québec (2).Lorsque le printemps demeure plutôt froid, il s’avère agréable de pêcher tardivement en avril si la météo est favorable. Toutefois, il faut renouveler votre permis de pêche sportive dont la validité débute le 1er avril et va jusqu’au 31 mars de l’année suivante. 

L’ouverture de la truite… sur glace!

L’ouverture de la pêche à la truite se veut probablement la période la plus populaire parmi les pêcheurs sportifs québécois. La truite étant l’une des premières espèces sportives accessibles à la pêche légale en eau libre, après plusieurs mois d’attente l’engouement et la fébrilité des amateurs de pêche à la truite sont à leur apogée vers la fin d’avril. Mais pour les régions plus éloignées, il arrive fréquemment que les plans d’eau soient toujours recouverts d’une bonne épaisseur de glace lors de l’ouverture des salmonidés, ce qui rend impossible la mise à l’eau d’une embarcation.

Par conséquent, pourquoi ne pas profite rde ce moment et faire l’ouverture sur la glace? Il m’est arrivé à plusieurs reprises de poursuivre ma saison de pêche blanche en profitant de ce weekend tant espéré. Chaque fois que j’ai pu bénéficier de cette occasion, j’étais enjoué de pouvoir pêcher une dernière fois sur la glace avant de ranger mon équipement. Ces moments sont vraiment spéciaux, car à cette période, nous nous trouvons seulement à quelques jours du mois de mai et très loin des journées glaciales du mois de janvier. Les conditions météorologiques s’avèrent donc généralement très agréables, parfois même estivales ! Cependant, il faut demeurer vigilant lors des déplacements sur la couche glacée. Ce n’est pas le moment de s’y aventurer à la noirceur ou même d’amener de jeunes enfants. Lors des journées très chaudes, j’ai déjà constaté une détérioration rapide de la glace en l’espace de quelques heures seulement.

Quant à la règlementation, il importe de savoir que le nombre de lignes à l’eau n’est plus celui en vigueur normalement en saison hivernale, car une seule ligne devient dorénavant autorisée par pêcheur. Par contre, l’équipement n’a pas d’importance. Vous pouvez utiliser une canne avec moulinet, une brimbale ou bien un porte canne avec un ensemble canne et moulinet. L’important est qu’une seule ligne se trouve à l’eau.

Si vous pêchez dans une zone où le poisson appât est autorisé durant la saison d’hiver, rendu à cette période ce type d’appât devient désormais interdit. En contrepartie, le ver de terre et les œufs artificiels deviennent d’excellentes options pour tenter de déjouer les truites. J’ai eu la chance de pouvoir pêcher à plusieurs occasions à l’ouverture de la truite en Estrie, en Mauricie et dans les Laurentides. Si vous avez la possibilité de vivre éventuellement ce moment unique et magique, je suis convaincu que vous ne le regretterez pas…

Lac Champlain États-Unis… en avril

Pour la majorité des pêcheurs dans le sud du Québec, la pêche sur glace se termine au plus tard à la fin du mois de mars. Toutefois, si les conditions météorologiques printanières tardent à se faire sentir au début du mois d’avril et que l’engouement de la pêche blanche vous obsède encore à cette période de l’année, je vous suggère de faire le saut aux États-Unis. Le lac Champlain, au sud de la frontière, est un magnifique plan d’eau pour les amateurs de pêche sur glace. Que vous soyez du côté de l’État du Vermont ou du côté de l’État de New York, la pêche est ouverte à l’année pour plusieurs poissons comme la perchaude, les salmonidés, le corégone, le baret, le brochet et plusieurs autres espèces. Néanmoins, il faut vérifier les limites de tailles et les quotas autorisés.

On peut se procurer un permis de pêche non-résident pour un jour (21$ US) dans un magasin de la région ou via le site internet (3). De surcroît, il est possible de pêcher avec un maximum de 15 lignes à l’eau par pêcheur. Ce règlement demeure applicable aussi longtemps que le pêcheur peut pêcher à travers la glace. Le mené vivant se voit également autorisé comme appât chez nos voisins du Sud. Il est même possible de rechercher via le web les points de vente d’appâts autorisés de tout l’État du Vermont. Ainsi, vous pourrez localiser à partir de votre domicile le bait shop le plus près du plan d’eau où vous prévoyez vous rendre pêcher (4).

Ce qui s’avère intéressant au lac Champlain, c’est que les accès et stationnements pour les pêcheurs se trouvent nombreux, gratuits et bien entretenus par l’État. Si vous faites une petite recherche sur internet, les points d’accès sont tous indiqués (5). Ainsi, vous n’aurez pas à chercher longtemps pour trouver un accès sur les glaces de ce plan d’eau. Attention! Plusieurs règlements diffèrent de la réglementation québécoise sur la pêche sportive. Les lests de plomb de 1/2 oz et moins  sont interdits, sauf pour les têtes de jig. Donc, si vous voulez utiliser des poids sur vos lignes, il y a différentes alternatives comme l’acier, le bismuth et le tungstène. Cette loi a pour but de protéger la faune aquatique et tout particulièrement les huards.

Si vous prévoyez acheter des menés vivants, il faut conserver la preuve d’achat sur soi. Ce papier indique le plan d’eau où les appâts seront utilisés, la date et le marchand commercial. Il s’agit d’informations requises lors d’un contrôle d’un agent de la faune. Une fois l’activité terminée, il est interdit de remettre directement dans l’eau les menés vivants. Il faut les détruire sur la glace ou sur la berge. Il est possible de rapporter vos poissons au Canada, mais il faut respecter la loi sur l’importation de poissons au pays. Un maximum de 10 poissons entiers par personne est autorisé par l’Agence canadienne d’inspection des aliments lors du passage aux douanes.

Vous aimeriez aller pêcher sur le lac Champlain mais vous ne savez pas comment y accéder ? Personnellement, j’ai pêché fréquemment ce lac en hiver lorsque j’étais adolescent et à plusieurs occasions récemment. Il y a un accès très facile que je peux vous recommander: le Tabor Point Access Area sur Hog Island Point à Swanton, au Vermont. Cet accès au lac Champlain, à seulement quelques pas de Maquam Bay, es tun très bel endroit avec un grand stationnement et une rampe d’accès en ciment. Dans ce secteur, vous pourrez pêcher particulièrement la perchaude, mais d’autres espèces pourraient venir vous causer quelques surprises. 

D’ailleurs, le 5 avril 2019, en compagnie de mon ami Sébastien Malo, nous nous y trouvions pour pêcher la perchaude jusqu’au moment où Sébastien a ferré un poisson de belle taille. À ma grande surprise, il s’agissait d’un grand corégone. Peu nombreuse, cette espèce est effectivement présente dans cet immense plan d’eau. Aucun règlement n’encadre le grand corégone, tout comme le baret, omniprésent dans ce lac depuis environ 30 ans.

Lorsque la fin de la saison arrive, l'ajout d'une rallonge peut devenir très important et même nécessaire à certains

endroits pour réussir à percer les trous à travers la glace épaisse. En général, les hivers ne sont plus aussi vigoureux qu’il y a quelques décennies. Mais si vous prévoyez pêcher dans une région éloignée lors des dernières semaines de la saison, une vrille sans rallonge risque de ne pas compléter le travail. À titre d’exemple, récemment, j’ai dû utiliser mon extension lors de mes aventures sur le lac Saint-Jean, à la Baie-James, ainsi que sur des lacs de la Côte-Nord. Avec plus de 40 po(102 cm) de glace, je n’aurais pas pu pêcher lors de ces séjours sans cet ajout à ma vrille de tarière.4

Clore sa saison à Eeyou Istchee, Baie-James

Avez-vous déjà songé à pêcher sur glace jusqu’à la fin avril, loin de la civilisation et sur des lacs majestueux et très poissonneux ?... Pendant plusieurs années, j’avais pour objectif d’étirer ma saison le plus longtemps possible. Malheureusement, chaque printemps, les conditions de la glace venaient interrompre mon objectif généralement dans la première semaine d’avril, ou tout au plus dans la deuxième semaine.

Toutefois, lors de la saison de pêche blanche 2018, Jacques Va deboncoeur, un pêcheur expérimenté du territoire de la Baie-James, m’a offert de l’accompagner à Eeyou Istchee! Le but de ce voyage était de vivre un voyage de pêche à la fin avril et nous voulions viser notamment les touladis et les truites mouchetées. Cependant, quelques anicroches inattendues ont contrecarré notre plan de match initial. Après plus de 22 heures de route, le trajet menant aux secteurs de pêche prévus était impraticable à la suite d’une tempête qui s’était abattue quelques jours auparavant.

Nous avons donc dû rebrousser chemin au barrage Laforge-1 pour aller séjourner finalement à la pourvoirie Mirage Aventure sur la route Transtaiga .À notre arrivée à la pourvoirie, nous étions les seuls clients en hébergement à cette période de l’année. Nous avions l’embarras du choix pour lalocation d’un chalet, mais pour la pêche, les conditions étaient particulièrement hivernales encore pour cette période de l’année. Après l’abandon de notre plan initial de pêcher au nord du barrageLaforge-1, Jacques et moi avons donc pris la décision de pêcher la truite mouchetée à proximité de la pourvoirie.

Au premier matin, nous sommes partis à l’aventure sur le plan d’eau derrière la pourvoirie Mirage Aventure. À l’arrivée sur notre secteur et après avoir percé de nombreux trous dans plus de 40 po (102 cm) de glace, nous avons installé finalement nos équipements et l’action n’a pas tardé! Nous avons capturé quelques ombles de fontaine de belle taille et notre découragement quelques heures auparavant s’est transformé rapidement en des moments d’excitation et de plaisir. Ce séjour dans le Grand Nord a été marqué de plusieurs changements inattendus, mais de nombreux souvenirs demeureront gravés longtemps dans ma mémoire. Ma saison 2017-2018 s’est terminée à la fermeture de la zone 22 Nord, le 30 avril. Ce fut ma plus longue saison de pêche blanche.

Conclusion

 La fin de saison de pêche sur glace a toujours été pour moi un moment excitant, magique et très attendu chaque année. La mi-mars indique le début du dernier sprint où les sorties de pêche s’avèrent bien souvent exceptionnelles. Les journées sont de plus en plus chaudes et ensoleillées, le printemps se trouve à nos portes, et il s’agit simplement d’agir avec prudence et vigilance pour jouir pleinement de ces derniers moments de la saison avant de mettre un terme à cette merveilleuse activité hivernale.

Photo pêche
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